En 2022, la succession d’un ancien fourreur Arrageois fut l’objet d’une vaste vente à l’occasion d’une bourse aux collections organisée par la municipalité de Dainville dans le Pas-de-Calais. Fragment exhumé d’une série photographique datant de la première moitié du XX e siècle consacrée à la ville d’Arras, un négatif au gélatino-bromure sur plaque de verre représentant une Piéta de l’église catholique Saint-Nicolas-en-Cité fertilise un peu plus le terreau historique local des Arts et Religions.
De l’appréciation de Roger Rodière (1870-1944) dans le Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques en date de janvier 1920
» De toute les communes du Pas-de-Calais, chose étrange, la ville d’Arras est celle sur laquelle on arrive le plus difficilement à se renseigner. »
On ne saurait désavouer l’Historien et Antiquaire. De fait, les sinistres subits par une « Belle Endormie » tragiquement mutilée pendant la Première puis Seconde Guerre mondiale auront profondément participé à la défiguration de son récit. Pour preuve ce cliché, témoin anonyme et non daté dont la mémoire se vêt d’un épais brouillard historique à son tour.
Toutefois, l’étude d’illustrés d’époque apporte des éléments de réponses qui, par chance, échappent à la censure du bureau de la presse du ministère de la Guerre.
Ainsi, aux richesses d’art dont le sort dépend d’inspecteur des beaux-arts maladroits 1, s’ajoute l’incendie de la chapelle de l’hospice en 1921 dans laquelle étaient placés en attendant la remise en état de Saint-Nicolas-en-Cité les derniers ouvrages de paroisses déjà si éprouvées au cours des hostilités.
En effet, l’ensemble des arts sacrés, qui se trouvaient dans l’église de Saint-Nicolas-en Cité sont placés dès 1920 par l’artiste et ami du « Lion d’Arras » Fernand Sabatté (1874-1940)2 au « Dépôt des Œuvres d’Art récupérées dans le Département du Pas-de-Calais ».3
Malgré la démobilisation du peintre français et la dissolution de la section de protection et de conservation des monuments et œuvres d’art aux armées, le groupe sculpté, conservé à l’issue de la Première Guerre mondiale, retrouve son emplacement originel lors de la réédification de l’église en 1923.
Jusqu’à présent, seules deux mentions de ce groupe sculpté étaient parvenues jusqu’aux Archives Départementales du Pas-de-Calais : un état de La Vierge de Pitié avec angelot exécuté en 1978 par le conservateur des antiquités et objets d’art ainsi qu’une restauration en 1975.
- Propos du jour, la Chronique des arts et de la curiosité: supplément à la Gazette des beaux-arts du 15 juin 1920. ↩︎
- La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts nuance le 15 Juin 1920 : » Parlant des efforts tentés en Artois, en Picardie, en Flandre, par M. Fernand Sabatté pour sauver de la destruction une infinités d’objets d’art de toute nature, et du musée provisoire qui a été installé rue de l’abbé-Haluin à Arras, l’auteur constate qu’une fois le lieutenant Sabatté démobilisé, la « section de protection et de conservation des monuments et œuvres d’art aux armées à été dissoute. » ↩︎
- Dés Juillet 1916, M. Leroy ouvrait la voie à une première préservation de ces arts mutilés (ou » Les épaves des richesses d’art » selon Paul Ginisty) en tant que conservateur d’un Musée de fortune installé dans le Palais Saint-Vaast. ↩︎
Sources bibliographiques
« Le Beffroi d’Arras : organe d’union et de relèvement », dans Gallica, 8 janvier 1920, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k967803t (Page consultée le 3 juin 2024)
« Le Beffroi d’Arras : organe d’union et de relèvement » , dans Gallica, 9 octobre 1921, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k967886q (Page consultée le 3 juin 2024). p.1-2
« La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts » , dans Gallica, 15 juin 1920, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6344171p (Page consultée le 3 juin 2024). p. 89
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